19,
rue au Maire
Ils
se réunissaient dans cet immeuble miteux, derrière cette façade
décrépie, au fond d’un long couloir puant la pisse et la mort
au rat, les dix héros de cette fameuse affiche rouge, placardée
dans tout Paris. Dix résistants, membres du groupe de Missak
Manouchian : le MOI (Main d’œuvre Immigré des FTP).
Des
immigrés tchèques, italiens, arméniens ou espagnols qui dirent
non au nazisme et prirent les armes pour défendre l’honneur
de la France. C’est à eux, comme à des centaines, des milliers
d’étrangers, que notre pays devrait rendre plus souvent hommage.
Pour
leur combat, pour leur courage, pour leur sacrifice. "Des
Libérateurs ?", s’interrogeait, goguenarde,
l’affiche nazie, en pointant les prétendues atrocités commises
par ces hommes. Oui, répond nous, deux fois oui !
Ces
22 étrangers, qui se réunissaient dans cet immeuble insalubre
de la rue au Maire, furent bel et bien nos libérateurs. Et
c’est une honte qu’une certaine frange de la droite française
fustige aujourd’hui l’immigration. Car après des semaines
de tortures atroces, ces immigrés là finirent par être fusillés
le 21 février 1944… Ils donnèrent bien plus qu’ils ne reçurent
de notre "beau" pays.
Baudouin
Eschapasse
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