Cercle
National des Garibaldiens - 20, rue des Vinaigriers
Lorsque
je suis entré dans la petite salle, Darno Maffini, 94 ans,
débouchait sa quatrième bouteille de vin rouge et contait
fleurette à sa voisine… qui ne devait pas avoir moins de soixante-dix
printemps. L’ancien colonel des Forces Françaises Libres semblait
infatigable. Après avoir chanté en italien une balade amoureuse,
il me demanda de m’approcher.
Nous
passâmes l’après-midi à parler. Il me raconta sa vie. Comment
il quitta l’Italie en 1922 après avoir été inquiété par les
milices fascistes pour s’être physiquement opposé aux séides
de Mussolini, comment il vécut son exil, la guerre… Ses opérations
de résistance (pillage de dépôts à munition allemands, libération
de la caserne de la République à la tête de 72 hommes, etc,
etc).
Le
tout ponctué de digressions paillardes, de blagues potaches
et de coups de chianti. Le vieil homme avait été maître nageur
dans l’entre-deux guerre. Et même champion olympique !
C’est qu’il rencontra d’ailleurs Johnny Wessmuller (le Tarzan
des années 30) avec qui il s’entraîna de longues années.
Lorsque
je lui demandai ce qu’était le cercle dont il était président,
il reprit son sérieux. « Nous sommes l’Internationale
des admirateurs de Giuseppe Garibaldi et de ses hommes qui
furent des combattants généreux, accourant au secours des
peuples en lutte pour la liberté, en tout lieu et en tout
temps. Nous essayons d’être dignes de son héritage »,
scanda-t-il en se levant.
Aux
murs, des affiches rappellaient ainsi les hauts-faits de plusieurs
membres du groupe : participation à la guerre d’Espagne,
actes d’héroïsme contre l’installation des fascistes en Italie,
résistance armée contre l’occupant allemand (le célèbre Manouchian
de l’Affiche Rouge comptait plusieurs Garibaldiens dans ses
rangs). Mais ce qui me marqua le plus était un étrange portrait
du général Garibaldi, encadré au fond de la salle. Le héros
était dessiné de curieuse manière. La barbe du bonhomme résultait
en effet de l’accumulation de centaines de signatures… « L’une
des premières pétition du cercle », plaisanta Darno !
Baudouin Eschapasse
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