Le
cimetière du Père Lachaise
La
plus grand nécropole de la capitale (44 hectares, 12 000 arbres :
mancenilliers, thuyas, sycomores, peupliers, près d’un
million de locataires) était à l’origine un grand parc escarpé
(le champ de l’Evêque) appartenant à un ménestrel du XIVème
siècle, surnommé Jean d’Avignon.
Au
soir de sa vie, le musicien vendit le terrain à un commerçant
(Regnault de Wandenne) qui y installa sa maison (la folie
Regnault, immortalisée dans le 11ème par une rue
qui porte son nom). Racheté en 1626 par Marie l’Huillier et
confiée aux pères jésuites, la demeure se transforma alors
en maison de repos pour personnes âgées.
Le
confesseur de Louis XIV (François d’Aix de La chaize) y ayant
pris ses quartiers, l’endroit fut d’abord rebaptisé "Mon
Louis" avant de prendre le nom de "Père La
Chaize" plus tard orthographié "Lachaise".
Tout
au long du XVIIème siècle, le lieu fut surtout connu pour
les parties fines qu’y organisaient les courtisans du « roi
Soleil ». ("Sur ces riants coteaux, dans
ces joyeux bocages, naguère avec l’amour régnait la volupté").
Le père La Chaize, dit-on, participait parfois à ses agapes.
(Son biographe n’écrit-il pas qu’il aimait "confesser
à bout portant, sur le carrelage, les jeunes femmes de son
entourage" ?).
A
la mort de cet étonnant curé (en 1709), la propriété fut rachetée
par le peintre Jean-Baptiste Gratin puis Louis Baron Desfontaines
(un ancien conseiller au Châtelet de Paris) qui fut le premier
à se faire inhumer dans le parc.
Racheté
en 1804 par la ville (à l’instigation du préfet de la Seine,
Nicolas Frochot) le jardin fut aménagé par l’architecte Brongniart
pour devenir un cimetière municipal.
Excentrée,
la nécropole n’eut d’abord aucun succès. On ne comptait au
départ que 14 à 20 inhumations par an ! Il fallut donc
faire de la publicité pour que le grand public accepte de
se faire enterrer là. On procéda d’abord (à grand frais) au
transfert du tibias de Molière puis à celui des restes de
La Fontaine (en 1817).
Comme
cela ne suffisait visiblement pas, on annonça, à grand renfort
de réclame que les amants Héloïse et Abélard y étaient enterrés
depuis le Moyen Age (ce qui est un pieux mensonge : leur
tombe ne renfermant rien !).
L’opinion
se convertit enfin. De 1 977 tombes en 1815, le cimetière
passa à plusieurs dizaines de milliers en 1830. Et son
succès fut tel qu’il fallut agrandir l’enceinte six fois entre
1824 et 1850.
C’est
aujourd’hui la dernière demeure des plus grandes stars. Beaumarchais,
Nerval, Balzac, Musset, Daudet, Oscar Wilde, Colette, Proust,
Auguste Comte, Radiguet, Eluard, Géricault, Delacroix, Ingres,
Pissaro, Modigliani, Chopin, Bizet, Sarah Bernhardt, Piaf,
Desproges et bien sûr Jim Morrisson (entre autres) y reposent
en paix.
C’est
aussi et surtout un véritable musée d’architecture. On raconte
que des cérémonies occultes y sont organisées la nuit, devant
la sépulture d’Allan Kardec, "fondateur de la philosophie
Spirite", ainsi qu’il est écrit sur sa pierre tombale
Baudouin
Eschapasse |